Par Laurent Karouby (F1LOC)
laurentkarouby.com
Nous avons vécu, le mercredi 10 octobre 2018, un exercice d’ampleur, dans le cadre de la Sécurité Civile.
Rappelons que l’ADRASEC, à l’échelle départementale, (Associations Départementales des RAdioamateurs au service de la SEcurité Civile) et la FNRASEC (Nationalement) regroupent radioamateurs et écouteurs, qui se mettent bénévolement au service de la Sécurité civile en France en cas de crise telle que le plan ORSEC ou SATER.
Nous avons pris connaissance, quelques jours après l’exercice, d’un reportage du journal «Midi Libre» relatif à cet événement. Mais l’article fut plus que bref et n’a nullement évoqué les radioamateurs présents ni leur mission.
(…) Dans la journée de ce mercredi 10 octobre 2018, se déroule un exercice de sécurité civile, organisé par la préfecture de Vaucluse. Baptisé SAREX84, cet exercice a pour but de simuler le crash d’un aéronef et tester la mobilisation de moyens de recherche aériens et terrestres.
Voir l’article complet sur le site de Midi Libre
Un exercice simulant un crash aérien est en train d’être vécu dans une partie du ciel du Vaucluse. Il s’agit pour les différents acteurs de la sécurité du territoire de tester leurs moyens.
L’exercice se passe sur un périmètre délimité par les communes de Carpentras, Gigondas, Bédoin et Malaucène. Ainsi, à cette occasion, trois hélicoptères issus de la BA115 d’Orange, escadron «Alpilles», de la section aérienne de la gendarmerie de Digne-les-Bains et de la Sécurité civile survoleront le département. Des opérations de recherche et de sauvetage par voies aériennes, mais aussi terrestre, sont accomplies. (…)
Le passage «mais aussi terrestre» nous concernait.
Allons voir de plus près ce que fut l’action des radioamateurs de l’ADRASEC.
Quelques jours auparavant, la zone géographique de l’exercice se précisait :
Message de la Préfecture 84
(…) pour le pré-positionnement des moyens opérationnels, le RCC de Lyon vient de nous indiquer que la zone d’exercice retenue ne sera pas le Sud-Est du département mais se situera entre les communes de Carpentras, Gigondas, Malaucène et Bédoin. (…)
Ce mercredi, donc, étaient engagés l’Armée de l’Air (le RCC de Lyon*), la Préfecture du Vaucluse, la Gendarmerie, les Pompiers et les Radioamateurs de l’ADRASEC.
Tôt le matin, plusieurs radioamateurs, pour la plupart des Bouches-du-Rhône, mais aussi du Gard, se sont rendus dans le Vaucluse afin de rejoindre la zone attribuée à chacun des groupes constitués.
Il s’agit d’un exercice national de recherche de balise de détresse, dans ce département, baptisé «SAREX84». Tous les radioamateurs étaient revêtus de la tenue réglementaire ADRASEC ainsi que d’une chasuble avec bandes réfléchissantes sur laquelle étaient mentionnés les mots «Sécurité Civile ADRASEC».
Compte tenu du relief très accidenté, il a été prévu que tout le trafic se ferait sur le transpondeur du Mont VENTOUX (le trafic sur le terrain avec le PC, se fera uniquement sur 145.450 MHz). Il a été demandé impérativement qu’un équipage minimum de deux à trois personnes par véhicule soit assuré afin de garder un contact radio permanent avec le PC.
La balise recherchée émettra sur 121.375 MHz (fréquence d’exercice) avec 50 mW et sur 406.028 MHz avec 5 W. Les recherches se feront donc sur 121.375 MHz sans oublier d’écouter, en permanence, tout en se déplaçant, le 406.028 MHz (en BLU) : car il serait possible de recevoir les trames.
A nous de nous rendre dans le périmètre alloué et de tenter «d’accrocher» le signal 121.375 MHz de la balise. Comme il est dit traditionnellement, nous sommes «les yeux du PC», d’où l’importance de prendre des initiatives en cherchant un emplacement le mieux dégagé sans oublier de tenir impérativement le PC informé de la position où nous nous trouvons.
En arrivant sur zone, un récepteur 121.375 MHz sera activé, relié à une antenne fixée à l’extérieur du véhicule. Lors d’un contact avec le PC, le radioamateur appelant donne son indicatif, l’heure de l’écoute, son emplacement précis au moment de l’écoute (en coordonnées latitudes/longitudes ou en décrivant le lieu précis), enfin il annonce la force du signal entendu sur 121.375 MHz (voire sur 406 MHz, le cas échéant).
Bien avant le début officiel de l’exercice, des radioamateurs de l’ADRASEC étaient en place à la Préfecture du Vaucluse où a été établi le PC : F5APG (des Bouches-du-Rhône), président de l’ADRASEC 13, ainsi que F1CBG et F0DBK (du Gard).
En attendant le démarrage de l’opération, arrivée sur notre zone entre Malaucène et Bédoin, nous avions mis en marche, dans la voiture, un récepteur. Et quelle ne fut pas notre surprise d’entendre immédiatement un signal très fort émis par la fameuse balise de détresse à découvrir !… Nous n’étions pas loin. Un relevé de position visant la direction du signal le plus fort a été effectué, avec soin. A proximité de la commune Le Barroux.
Le démarrage officiel de l’exercice venait d’être annoncé par le PC. Notre relevé transmis, nous avons alors tenté d’autres positions afin de repérer, par triangulation, la position de la balise. Nos calculs nous conduisirent dans un grand parking en terre battue, où nous serons dans de meilleures conditions pour faire un nouveau relevé. Nouvelles mesures. Le signal était maximal. Un regard aux alentours et une écoute plus fine ne laissaient plus place au doute : la balise devait se trouver au sommet de la petite butte qui se présentait juste devant nous.
Récepteurs en tête, nous avancions à grands pas, jusqu’à nous retrouver soudain, arrivés au sommet, face à deux militaires ! Ils faisaient partie du RCC de Lyon.
La voilà ! La balise était juste devant nous !
Au sol se trouvait également une silhouette d’avion, sur laquelle était déposée la balise. Sur le côté, un fragment de l’avion portant l’identifiant de l’aéronef.
Après rapide un rapide échange, l’un des militaires nous apprit qu’il avait une jambe cassée et qu’il n’y avait pas d’autres blessés. L’information recueillie, la position de la balise ainsi que l’identifiant de l’avion ont été transmis au PC, selon les formes demandées. La pluie, menaçante, jusque-là, commença finalement à tomber, faisant chuter une température ressentie déjà fraîche.
Il est dit que toute zone de crash d’avion est équivalente à une zone de crime. D’où l’importance de ne pas multiplier les déplacements à l’intérieur du périmètre, qui fut matérialisé à l’aide une bande de « rubalise ».
Les autres véhicules de l’ADRASEC étaient rapidement arrivés sur les lieux.
Très rapidement, gendarmes et pompiers sont également parvenus sur zone, afin de prendre la suite de cet exercice.
Plus tard, tous les radioamateurs de l’ADRASEC engagés dans l’exercice grandeur nature SAREX84 se sont retrouvés au CSP de Cavaillon afin de procéder à un débriefing des plus intéressants. Ce moment se poursuivit avec un repas tiré du sac. C’est dans une très bonne ambiance que chacun regagna son véhicule avant de reprendre la route en direction des Bouches-du-Rhône.
Une journée bien remplie, riche d’enseignements.
Bravo pour cette organisation impressionnante. Car ce fut une belle réussite !
Notes :
(*) A propos du RCC de Lyon : «Le Centre de coordination de sauvetage ((A)RCC = (Aeronautical) Rescue Coordination Center) de Lyon Mont-Verdun est un organisme de l’Armée de l’air. Il est placé sous le commandement opérationnel du Commandement des Opérations Aériennes et de la Défense Aérienne (CDAOA) et depuis 1998 sous le commandement organique de Commandement des Forces Aériennes (CFA), plus particulièrement de la Brigade Aérienne de Contrôle de l’Espace (BACE). Il est depuis le 01 Septembre 2015 l’unique Centre de Coordination de Sauvetage Français».